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A quoi ressembleront les bibliothèques du futur ?

09 Mai

Le livre électronique 2/2 | Ebook, tablette dédiée aux livres ou hybride type iPad d’Apple : la déferlante de nouveaux supports et de nouveaux contenus est sur le point de transformer en profondeur nos chères bibliothèques. Des modèles de prêt (“accès illimité et simultané”, “une personne = un livre”) aux nouvelles fonctions des bibliothécaires, le blogueur et chercheur en sciences de l’information Olivier Ertzscheid nous donne des pistes sur ce qui pourrait arriver.

Olivier Ertzscheid est maître de conférences (en sciences de l’information) à l’université de Nantes et à l’IUT de la Roche-sur-Yon. Il tient par ailleurs le blog de référence Affordance.info. L’affordance désignant la capacité d’un objet à suggérer sa propre utilisation, son auteur nous a semblé tout indiqué pour lancer un premier coup de sonde en direction des bibliothèques du futur.

Certaines bibliothèques publiques américaines proposent des livres numériques depuis 1997, où en sommes-nous en France ? C’est compliqué… La plupart des bibliothèques universitaires proposent depuis longtemps des abonnements à des « bouquets » de périodiques électroniques (en général, sans téléchargement possible). Avec l’essor actuel du livre numérique (contenus et contenant), on voit arriver des offres pour les bibliothèques municipales et les médiathèques : soit par le biais d’éditeurs ou de diffuseurs traditionnels (Gallimard, Numilog…), soit dans le cadre d’initiatives innovantes (la référence en la matière étant Publie.net de François Bon).
Le terme “livre électronique” désigne autant le support que le contenu : que prêtera la bibliothèque du futur ? Des liseuses type Kindle ou iPad et/ou des fichiers informatiques ? Très probablement les deux. Quelques expérimentations sont en cours en France du côté du prêt de liseuses (Issy-les-Moulineaux, Angers, La Roche-sur-Yon/ Nantes…). Et il est manifeste que les publics des bibliothèques sont demandeurs et apprécient ce genre de service. Tant que les prix publics resteront ce qu’ils sont aujourd’hui (plus de 250 € à l’achat), il y a clairement une place à prendre pour ces structures. En même temps, la « nouvelle génération » de tablettes hybrides (genre iPad d’Apple ou Courrier de Microsoft, ou même la console de jeu Nintendo DS), sur lesquelles on peut lire des ebooks mais aussi faire plein d’autres activités, risque de pas mal faire bouger les choses. Pour le reste, on prêtera naturellement aussi des « contenus », mais avec toute l’épineuse question des DRM (verrous numériques) que cela implique. Par exemple : beaucoup de BU payent à prix d’or des abonnements à des ouvrages électroniques « exemplarisés » : c’est-à-dire que l’on ne peut prêter qu’un exemplaire numérique du document à la fois… alors que, précisément, cela devrait permettre d’alléger les files d’attente ou d’éviter de commander plein d’exemplaires d’un même ouvrage ! Autre épineuse question : celle de l’offre. Tant qu’on n’aura pas de plate-forme unique (du type http://www.livresquebecois.com) ou à tout le moins centralisée, cela restera ingérable, parce que trop dispersé et trop hétérogène (dans les tarifs, les formats, les DRM, etc.).
En quoi le métier de bibliothécaire va-t-il évoluer, voire peut-être se métamorphoser ? Au même titre que pour le métier de libraire (à mon avis, en tout cas), il va falloir se recentrer sur la capacité de prescription, de conseil, de filtrage. Remettre de la médiation là ou il n’y en a pas (ou pas assez pour l’instant). Juste deux exemples : en ce qui concerne les prêts de tablettes, les résultats des expérimentations en cours montrent que les usagers sont demandeurs de ce service, à la condition expresse que des bibliothécaires soient capables de les accompagner lors de la première utilisation et de les aider à charger leurs liseuses. Autre exemple : pour gérer l’extraordinaire diversité et hétérogénéité des ressources en ligne, les bibliothécaires doivent apprendre à se servir des « nouveaux lieux de médiation numérique », de Facebook à Twitter jusqu’à Dailymotion, YouTube ou Scribd (un site de partage de fichiers texte), pour aller chercher les publics là où ils sont et baliser des contenus parfois passionnants et rares mais noyés dans la masse. Bref, il va falloir aller mettre du « service public de l’accès à la connaissance » dans les gigantesques silos numériques du Web…
Devant la variété des formats et des lecteurs, comment les bibliothèques pourront-elles offrir des services qui seront accessibles à tous ? Je n’en sais rien ! Il faut espérer une standardisation de l’offre autour d’un format pivot (comme le format epub). Côté « liseuses », deux possibilités : soit les « tablettes tout en un » flinguent les liseuses dédiées, soit on voit cohabiter les deux offres, terminaux dédiés et liseuses d’un côté et « terminaux couteaux suisses » de l’autre.

 

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